Depuis le début de son existence, l’être humain a donné à la mort plusieurs visages, plusieurs attributs dans le but d’adoucir ou d’expliquer la fin de la vie physique telle qu’il la connaît, l’absence soudaine et qui prend la place de l’être cher. En de réponses , les civilisations, très souvent étroitement liées à la religion, ont développé des croyances servant à éclaircir le mystère impénétrable de la mort. Chez les Égyptiens, la mort était représentée par le dieu Osiris et considérée comme une interruption temporaire plutôt que comme la cessation de la vie, Osiris ayant été lui-même assassiné avant d’avoir retrouvé la vie grâce à sa sœur Isis. Les Mayas croyaient qu’Ah Puch, dieu de la mort, mettait le feu à l’âme humaine après le décès de la personne, puis qu’il l’éteignait avec de l’eau froide pour pouvoir entendre l’âme pleurer de douleur. On raconte qu’il répétait cette opération jusqu’au moment où il ne restait plus rien de l’âme du défuntDéfinition :Qui a cessé de vivre.. Et enfin, comment ne pas mentionner la Reine des Morts mésopotamienne, Ereshkigal ? Aussi appelée Dame de la Grande Terre, traduction de son nom sumérien, cette divinité maîtresse des lieux était responsable de garder en son royaume les morts, mais elle devait aussi empêcher les vivants d’entrer dans celui-ci et de découvrir la vérité sur la vie après la mort.
Chez les Bretons, l’Ankou, qui est en réalité le serviteur de la mort, est en effet un personnage « », car il collecte les âmes des dans sa charretteDéfinition :Voiture légère, généralement à deux roues, que l’on attelle à un cheval. et les conduit dans l’Autre Monde en passant par les Monts d’Arrée. Lorsqu’un vivant entend le bruit de la charrette (wig ha wag !), c’est mauvais signe, car cela signifie qu’il, ou selon une autre version, quelqu’un de son entourage ne va pas tarder à mourir. Selon Anatole Le Braz, écrivain et folkloriste breton, « L’Ankou est l’ouvrier de la mort. Le dernier mort de l’année, dans chaque paroisseDéfinition :L’église de cette circonscription ; la communauté que forment les fidèles de cette circonscription., devient l’Ankou de cette paroisse pour l’année suivante. Quand il y a eu, dans l’année, plus de décès que d’habitude, on dit en parlant de l’Ankou en fonction : “Sur ma foi, celui-ci est un Ankou méchant.” Pour les gens qui vivent sur le littoral, l’Ankou navigue à bord du bateau de la nuit, appelé Bag Noz. Il recueille les âmes des trépassésSynonyme :Mort pour les transporter vers les rivesDéfinition :Bande de terre qui longe un cours d’eau, une étendue d’eau douce de l’au-delàDéfinition :Ce qui relève de la vie future et du monde supraterrestre. Les Bretons croient alors qu’à l’apparition du bateau, un terrible drame va s’abattreDéfinition :Tomber ou tomber sur quelqu’un ou quelque chose en provoquant un dommage.. Malgré ces quelques distinctions, tous s’accordent à dire que l’Ankou tient à la main une fauxDéfinition :Instrument utilisé pour couper l’herbe, les céréales, etc., et qui est constitué par une grande lame d’acier de forme courbe, fixée au bout d’un long manche muni d’une ou deux poignées. même si on le retrouve dans de vieilles représentations armé d’une flèche ou d’une lanceDéfinition :Chez les anciens, arme formée d’une longue hampe terminée par un fer acéré, qui pouvait servir de trait ou être employée pour combattre de près..
Mais comment le reconnaître ? Il existe différentes versions. Certains dépeignentSynonyme :Décrire l’Ankou, tantôtSynonyme :Soit comme un homme très grand et très maigre, les cheveux longs et blancs, la figure d’une longue capeDéfinition :Vêtement de dessus, ample et sans manches, plus ou moins long, enveloppant le corps ou seulement les épaules. noire, son corps fait de chair et d’, car souviens-toi, il a été jadisDéfinition :Il y a longtemps. l’un des nôtres ; tantôtSynonyme :Soit sous la forme d’un squelette drapé d’un , et dont la tête tourne sans cesse à la façon d’une girouetteDéfinition :Plaque mince et légère, souvent taillée en forme de flèche empennée ou de coq, montée sur un pivot, et qu’on place sur un clocher, un toit, un mât, de manière qu’elle tourne au gré du vent et en indique la direction. autour de sa de fer. De cette façon, il peut embrasser d’un seul coup d’œil toute la région qu’il a mission de parcourir.
Il est vrai qu’aujourd’hui, les mythes et légendes ne tiennent plus la même importance dans nos vies contrairement au début du XIXe siècle, où celles-ci défiaient encore les lois de la raison et j’en ai pour preuve un fait divers qui te fera froid dans le dos.
L’histoire commence avec la naissance d’une petite fille dont le nom fera écho des siècles durant, Hélène Jégado. Hélène naît dans un petit village de Bretagne appelé , le 17 juin 1803. Plouhinec se trouve actuellement dans le Finistère. Née dans une famille modeste de cultivateurs, elle fera de sa mère sa première victime en l’empoisonnant avec des graines de belladone, une plante connue aussi sous le nom de l’Herbe du diable. Orpheline de mère, elle est ensuite envoyée chez sa tante qu’elle ne tardera pas à empoissoner aussi. C’est le début d’une longue succession de meurtres par empoisonnement. On compterait entre 30 à 60 victimes. Son mode opératoire ? Elle se faisait embaucher en tant que cuisinière puis elle empoisonnait avec de l’ toutes les personnes vivant sous le même toit qu’elle. Chose étrange, elle veillait ses victimes jusqu’à leur dernier souffle, les accompagnant jusqu’à l’au-delà. Ceci ne te rappelle pas quelqu’un ? L’Ankou, évidemment ! En effet, bercée dès sa plus tendre enfanceDéfinition :Les entendre souvent dans son enfance. par les contes et légendes de Basse-Bretagne, Hélène est restée traumatisée par le personnage de l’Ankou qu’elle aurait décidé d’incarner pour calmer ses angoisses. Elle devint donc la réincarnation même de l’ouvrier de la mort. Elle est finalement guillotinée le 26 février 1852 sur le Champs de Mars à .
Son histoire est encore source de fascination, son destin incroyable est d’ailleurs raconté par Jean Teulé dans le roman Fleur de Tonnerre, puis adapté au cinéma par Stéphanie Pillonca-Kervern. Et petite anecdote intéressante, si tu as la chance de faire un tour à Rennes, rends-toi au chocolatier Durand et va déguster le gâteau Jégado. Ce gâteau était une composition de la cuisinière empoisonneuse elle-même… Rassure-toi, c’est garanti sans arsenic et tu peux le consommer sans modération !
Voilà pour cette légende de l’Ankou, une légende qui tient une place très importante dans l’imaginaire breton et dont la figure peut être vue sur certains monuments en Bretagne. Si tu as d’ailleurs prévu d’y aller, j’ai deux podcasts qui te proposent un itinéraire complet et te racontent quelques anecdotes intéressantes sur cette région mystique. Prends seulement garde de ne pas croiser l’Ankou sur ton chemin…
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