J’en avais perdu la notion du temps, j’avais écouté sans mot dire Patrice me parler de ce secret qui le tourmentait depuis des jours. Il n’en avait jamais parlé à personne, j’étais le premier, il ne savait pas pourquoi il me l’avait dévoiléEN: To revealES: Revelar, mais il devait le raconter à quelqu’un, car c’était trop lourd, trop difficile à porter seul. La avait été trop grande et trop brutale, il était dévasté. Mais le plus difficile pour lui, la chose dont il avait le plus honteEN: ShameES: Vergüenza et dont il était lui-même , c’était de se rendre compte que ses sentiments envers Benjamin avaient changé, il avait cessé d’être son fils adoré, il était l’enfant d’un amour que sa propre femme avait ressenti pour un autre homme que lui. Benjamin n’était plus son fils, il était devenu le fils de François.
Nous sommes sortis du bar, nous nous sommes quittés en silence, un silence qui scellaitEN: To sealES: Sellar cet après-midi sous le sceauEN: SelloES: Seal de la confession puis chacun prit une direction différente. Le froid me saisitEN: To hitES: Agarrar brutalement, j’ai frottéEN: To rubES: Frotar mes mains les unes contre les aures pour les réchaufferEN: To warmES: Calentar puis je suis rentré à la maison en marchant, imaginant une bonne excuse pour justifier ses heures d’absence à Madeleine. Je ne voulais pas lui raconter le secret de Patrice, je ne savais pas réellement comment m’y prendreEN: To go about [sth]ES: Proceder, je n’avais pas les mots pour le lui expliquer, l’histoire avait déjà commencé à décanterEN: To decantES: Decantarse en moi et laisserait à jamais au fond de mon cœur une coucheEN: LayerES: Capa épaisse et informe de tristesse.
À peineEN: No sooner had [sb/sth]… thanES: Apenas avais-je ouvert la porte de la maison que Madeleine se ruaEN: To rushES: Abalanzarse sur moi pour me dire que François avait été relâchéEN: To releaseES: Liberar et qu’il était rentré chez lui. M. Laporte était dans le salon, confortablement assis dans le fond du fauteuil, une tasse de café à la main. M. Laporte n’était pas à proprement dit une personne pour qui j’avais de l’affection. C’était un homme mince et de petite taille, il portait toujours des chemises à carreauxEN: Check shirtES: Camisa a cuadros qu’il rentrait dans ses pantalons de veloursEN: VelvetES: Terciopelo, ses lunettes étaient perpétuellement suspendues à son cou par un cordon de couleur rouge et on pouvait nettement distinguer dans la pocheEN: PocketES: Bolsillo arrièreEN: BackES: Trasero de son pantalon, la forme d’un paquet de cigarettes. C’était d’ailleurs un vrai miracle qu’il ne se soit pas encore assis dessus, il glissait religieusement sa main pour en sortir le paquet avant de s’asseoir, peu importe l’endroit où il était. Certains s’amusaient même à faire des parisEN: BetsES: Apuestas, mais les personnes qui pariaientEN: To betES: Apostar que cette fois-ci, c’était inévitable, il avait oublié, il était sur le point deEN: To be aboutES: Estar a punto de le faire, tous les annonçaient que la victoire était assurée, perdaient sans précédent leur miseEN: BetES: Apuesta. La vertu de M. Laporte résidait dansEN: To lie inES: Radicar sa constance, ne jamais oublier d’enleverEN: To take offES: Quitar son paquet de cigarettes de sa poche, être toujours au courant deEN: To know aboutES: Estar al tanto tout ce qui arrivait dans cette ville.
J’avais pour habitude de ne jamais vraiment faire attention à ce que disait M. Laporte. Chaque fois qu’il venait nous rendre visite, je divaguaisEN: To wanderES: Divagar dans mes pensées, je trouvais un prétexte pour aller dans le garage ou dans la cuisine et préparer le dîner pendant que Madeleine discutait avec lui, mais alors que je m’apprêtais àEN: To be about toES: Disponerse a me lever pour éviterEN: To avoidES: Evitar une énièmeEN: UmpteenthES: Enésima fois ce genre de conversation, j’entendis : “le petit coffre en bois”. Je me suis raviséEN: To change your mindES: Cambiar de opinión et je suis resté assis dans le canapé pour connaître la suite de son histoire.
M. Laporte reparlait de cette nuit où il avait découvert Mme Auché en face de chez lui, et il est vrai qu’il nous avait déjà raconté les circonstances dans lesquelles il l’avait trouvée, mais je n’avais pas fait le rapprochementEN: The connexionES: La relación, jusqu’à ce que je l’entende de nouveau. Mme Auché tenaitEN: To holdES: Tener dans ses mains un petit coffre en bois. Un petit coffre en bois. Un frissonEN: ShiverES: Escalofrío parcourutEN: To go all overES: Recorrer tout mon corps, je déglutisEN: To swallowES: Deglutir ma saliveEN: SalivaES: Saliva et lui demanda sèchement s’il avait ouvert le coffre. Il baissaEN: To lowerES: Bajar le regard un peu gênéEN: EmbarrassedES: Avergonzado et d’un ton hésitant répondit que oui, que ce soir-là, il avait eu très peur, car Mme Auché paraissait vraiment agitée et qu’il avait donc pris la liberté de regarder dans le petit coffre pour voir s’il y avait un indice qui aurait pu lui indiquer la raison pour laquelle elle se trouvait dans cet état, mais qu’il ne découvrit qu’un petit soldat de plomb. Il l’avait donc ramenée chez elle avant d’appeler la police et avait posé ce petit coffre en bois sur la consoleEN: ConsolaES: Console table qui se trouvait à l’entrée.
Je l’ignorais encore à cette époqueEN: TimeES: Época, mais j’étais sur le point de découvrir un secret affreuxEN: AwfulES: Espantoso, ce voile opaque, qui avait la vie de plusieurs personnes, allait finalement être levé, la ville avait été secouée une première fois à la mort de Benjamin et allait l’être de nouveau en découvrant l’identité de l’assassin. Cette histoire n’a jamais cesséEN: To ceaseES: Cesar de me hanter et je ne cesse de me demander si les choses se seraient passées si certaines décisions avaient été prises , et surtout, si la vérité devait passer par le drame afin de voir le jourEN: To come to lightES: Salir a la luz.
On dit souvent que la vérité éclate au grand jourEN: To come to lightES: Salir a la luz et cette phrase aujourd’hui prend tout son sensEN: To be fully realisedES: Cobrar sentido. Après des jours, des semaines voireEN: EvenES: Incluso des années, lasséeEN: TiredES: Harta d’être emmuréeEN: TiredES: Emparedada dans nos cœurs, cousueEN: CosidoES: Stitched sur nos lèvres closesEN: ClosedES: Cerrados et recluseEN: Shut awayES: Recluida dans nos estomacs serrésEN: SqueezedES: Contraídos, elle commence par former une minuscule cloqueEN: BlisterES: Ampolla, à peine visible, puis avec le temps elle grossit, prenant chaque fois plus d’ampleurEN: SizeES: Holgura, les tissusEN: TissueES: Tejido raidesEN: StiffES: Ríjido et tendusEN: TightES: Tensos, prêts à lâcherEN: To give wayES: Ceder. Cette cloque encombreEN: To be on the wayES: Estorbar notre quotidien et nous rend maladroitsEN: ClumsyES: Torpes, on boiteEN: To limpES: Cojear perdant parfois l’équilibre, jusqu’à ce qu’un jour cette cloque éclate et verseEN: To shedES: Derramar de tout son long la vérité tant redoutéeEN: FearedES: Temido. Elle a finalement éclaté à la vue de tous, personne n’a été épargnéEN: To be sparedES: Salvarse et d’une certaine façon, on a tous été éclaboussésEN: To tarnishES: Salpicar par celle-ci, seulement, ce sont des taches indélébilesEN: IndelibleES: Indeleble qui restent en nous pour toujours, même si le temps nous berceEN: To cradleES: Arullar avec l’illusion qu’elles ont disparu à jamais.
Je n’ai rien dit à M. Laporte, je l’ai laissé raconter sa version, le fruit de son investigation et de son imagination dont les conclusions étaient si loin de la réalité. Après son départ, j’ai prétexté un mal de tête terrible et je suis allé me coucher. Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit, j’ai passé une nuit blancheEN: Sleepless nightES: Noche de vela à tourner et virer dans le lit, obsédé par les paroles de M. Laporte. Se pouvait-il que ce petit coffre en bois fûtConjugaison :ES: Subjonctif imparfait de “être” le même que celui que Patrice avait trouvé dans le buffetEN: SideboardES: Aparador et qui contenait les lettres ? Si c’était le cas, pourquoi Mme Auché le tenait-elle dans ses bras lorsque M. Laporte la vit ? Et enfin, à qui était ce petit soldat de plomb ? J’avais beau tourné ces questions dans tous les sens, je n’arrivais pas à trouver le lien entre tous ces faits, mais une chose était sûre, rien de tout ceci ne pouvait être une .
Après cette nuit infernale, je vis avec un certain soulagementEN: ReliefES: Alivio les premiers rayonsEN: RaysES: Rayos du soleil diffuser timidement leur lumière dans le ciel, il devait être environEN: AroundES: Alrededor 8 (huint) heures. Je pris mon peignoirEN: Dressing gownES: Bata que j’avais laissé sur la chaise près de la fenêtre, je descendis discrètement les escaliers en bois pour ne pas faire craquerEN: To crackES: Crujir les marchesEN: StepsES: Escalones et réveiller Madeleine, je me dirigeaiEN: To goES: Dirigirse vers la cuisine et me préparai un café. J’ai toujours aimé l’odeur du café le matin qui se propageEN: To spreadES: Propagarse dans toute la cuisine et vient me chatouillerEN: To tickleES: Hacer cosquillas délicieusement les narinesEN: NostrilsES: Fosas nasales. Après avoir bu quelques gorgéesEN: SipsES: Sorbos, assis dans le salon, ce brouillardEN: FogES: Neblina matinal qui flottait dans mon esprit se dissipaEN: To disperseES: Disipar et j’eusConjugaisonPassé simple de “avoir” une idée. Je devais aller rendre visite à Mme Auché aujourd’hui et voir le petit coffre en bois de mes propres yeux. Je devais en avoir le cœur netEN: To be sure of itES: Saber a qué atenerse.
Je me souviens que ce matin-là, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre, car tout semblait tellement décousuEN: IncoherentES: Incoherente que je ne me doutais paa un seul instant de l’impact qu’aurait cette visite sur le reste de ma vie. La nuit que j’avais passée la veilleEN: The day beforeES: En el día anterior avait été à la fois tellement nébuleuse et lucide que j’avais l’impression d’osciller entre le rêve et le cauchemarEN: NightmareES: Pesadilla si bien queEN: So much thatES: De modo que la réalité me paraissait subtilement distorsionnée. J’étais encore hésitant à l’idée de me rendreEN: Ir aES: To go to chez Mme Auché et m’immiscer dans ses affaires, car c’était bien ce que j’étais sur le point de faire, j’allais rentrer chez elle, scruterEN: To examineES: Escrutar sa maison afin de retrouver ce petit coffre en bois, l’interroger sur cette terrible nuit afin deEN: In order toES: Para que trouver une corrélation entre tous ces faitsEN: FactsES: Hechos. Mais j’étais loin de m’imaginer que j’allais en apprendre plus…
Que va découvrir notre narrateur chez Mme Auché ? Ce petit coffre en bois est-il réellement le même petit coffre dont Patrice lui avait parlé ? Pourquoi le tenait-elle dans ses bras le soir de la mort de Benjamin ? Si tu veux découvrir la suite de cette histoire, je t’invite à écouter le septième podcast de cette saison.
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Patrice ne savait pas exactement pourquoi il l’avait révélé à notre narrateur mais il le lui avait raconté, car c’était trop lourd, trop difficile à porter seul. La trahison avait été trop grande et trop brutale, il était dévasté.
M. Laporte était chez notre narrateur, car il est venu lui raconter à lui et à sa femme que François avait été libéré.
M. Laporte est un homme mince et de petite taille, il porte toujours des chemises à carreaux qu’il rentre dans ses pantalons de velours, ses lunettes sont perpétuellement suspendues à son cou par un cordon de couleur rouge et on peut nettement distinguer dans la poche arrière de son pantalon, la forme d’un paquet de cigarettes.
En racontant de nouveau ce qui s’était passé la nuit de la mort de Benjamin, M. Laporte a dit que Mme Auché tenait dans ses bras un petit coffre de bois avec un petit soldat de plomb à l’intérieur, peut-être le même que celui dont Patrice lui a parlé.
Il décide de se rendre chez Mme Auché le jour suivant.